PRETEXTE

Njoh Mouellé a durant plusieurs décennies scruté la pratique du développement en insistant sur la nécessité de ne pas réduire notre aspiration à être à la production des biens de consommation. Aujourd’hui, le philosophe s’interroge sur les nouvelles orientations développementales que prennent les sociétés humaines aidées par les Technologies Convergentes NBIC . L’intensification de la Recherche et Développement TechnoScientifiques (RDTS), aux fins de « réparer », d’« améliorer » ou d’ « augmenter » l’être humain, amène Njoh Mouellé à questionner les valeurs de la philosophie transhumaniste. Au lieu de courir allégrement après les utopies que promeuvent les transhumanistes, le philosophe camerounais prend du recul pour faire place à la réflexion. En penseur du transhumanisme, il commet une trilogie dans laquelle il passe au peigne fin certaines utopies qui innervent ce courant : la modification de la capacité visuelle et auditive, la synesthésie généralisée, l’abolition de la différenciation sexuelle par l’avènement d’une espèce posthumaine postgenriste, l’hybridation homme-machine, le transfèrement de la conscience dans des supports numériques pour assurer l’immortalité ou la vie éternelle de l’espèce humaine, la manipulation génétique des embryons pour augmenter l’intelligence des futurs enfants, les casques télépathiques pour communiquer de cerveau à cerveau, etc. Ces différentes utopies quoique souvent assimilées à la science-fiction, font progressivement corps avec notre réalité quotidienne.

Au regard de ce qui précède, il y a lieu de s’interroger sur la valeur du transhumanisme, laquelle justifie précisément la réflexion philosophique de Njoh Mouellé dans le cadre d’une préoccupation pour l’avenir de l’humanité. Au cœur de cet avenir se trouve le souci éthique pour l’homme dont l’existence et l’essence font l’objet d’une instrumentalisation inédite de la part des futurologues transhumanistes. L’avenir de l’humanité aura-t-il véritablement un sens lorsqu’il sera finalisé dans les valeurs transhumanistes ? Ces valeurs sont-elles susceptibles de permettre à l’homme de réaliser pleinement son être ? Cet homme augmenté sera-t-il toujours digne d’appartenir à l’espèce humaine ? Comment poursuivre la révolution transhumaniste et réguler au même moment ses différentes applications dans un contexte où les entreprises industrialo-technologiques dictent leurs lois ?